mercredi 24 septembre 2014

Mon pied droit


C’était mon pied droit           

Tu dansais tu bougeais je faisais comme si de rien n’était
            Et tu as pilé
            Sur mon pied droit
 
            On s’est regardé on s’est demandé
            Et puis tu as continué à danser
            Sur mon pied droit
 
            J’ai souri tu m’as surpris tu m’as suivi quand je suis sorti
            De cet endroit
 
            On s’est pas touché
            Ni même parlé
            Tu as continué à marcher quand je me suis foulé
 
Le pied droit

Est-ce que ces petits trucs de rien du tout qui me passent par la tête alors que par hasard j’ai un stylo et un papier mériteraient que j’en parle? C’est du rien du tout, une petite rimette sans envergure, sans véritable sens (quoique…), juste comme ça pour scribouiller.


Je n’écris pas, je scribouille des mots. Qui veulent dire juste des petites affaires, des petites situations qui n’existent que dans ma tête et qui me donnent une excuse pour déblatérer des enfantillages. Comme mon pied droit, qu’on a accroché quand j’étais assis au comptoir dans un bar plein à craquer où j’étais allé prendre un verre après la soirée d’un mariage où ma blonde m’avait laissé aller seul (enfants obligent – mais on se reprendra dans quelques semaines…). Je me suis alors retourné vers le comptoir, j'ai sorti un papier de la poche de mon veston, un stylo-bille de l’autre, et j’ai écrit comme ça, sans y croire, la première partie. Refoutu le papier dans mes poches, fini ma bière, et je suis allé me coucher.
 
Ça fait quelque temps de ça – les mariés sont revenus de leur voyage de noces – et hier, je suis retombé sur ce papier, qui traînait sur mon bureau à travers deux-trois autres trucs médiocres, des factures de gaz et de resto, des enveloppes vides, et autres cossins (mon bureau est temporaire, alors foutrement en désordre…). Les autres trucs médiocres sont tous allés pronto à la récup – malgré ce qu’on pourrait croire à lisant certaines merdes que je mets ici, je suis parfois capable de réaliser que j’écris des trucs vraiment nuls à chier que je détruis prestement… Mais ceux-ci me plaisaient un peu – un propos naïf et un peu bon enfant, avec un rythme que j’aimais bien. Après avoir trouvé le papier que je cherchais, je suis allé prendre ma douche, et c’est là que la deuxième moitié m’est venue. J’y ai fait par la suite quelques ajustements, mais rien de majeur, et je l’ai lu, et relu, et cité, et récité, et, ma foi, je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu’il y un bon fil dans ça. Pas que c’est bon – il manque clairement un deuxième niveau, c’est beaucoup trop anecdotique – mais j’y sens du possible.

Mais, comme je me disais il y a quelques semaines : tant pis, allons-y, il faut alimenter ceci, je dois me remettre à la plume, et qui a écrit écrira (et bu boira, mais pour moi, on dirait, ça va ensemble…). Et si c’est nul, whatever. Personne ne le dit jamais anyway.

dimanche 24 août 2014

Impromptu - pour des bas filets



Comme un bleu, je me suis fait avoir
Je me suis bêtement fait leurrer
Bien que le filet fût bien noir
Dans son entrejambe je suis tombé
 
Mais pourquoi aurais-je résisté
Et comment aurais-je pu, anyway
La douceur du piège sous ses mailles
Aura sans doute été ma juste faille
 
Je m’y suis donc joyeusement jeté
J’ai pris mon souffle, fermé les yeux
J’ai enfoui ma tête dans sa féminité
Et je m’y suis perdu - comme un bleu

mardi 21 janvier 2014

Semaine 15: Photo de famille

LES MATINS D’HIVER SE PRÉLASSER SOUS LES COUVERTURES…

Beep ! – Beep !
Snooze.

Beep ! – Beep !
– BEEEP !
Snooze.
 
Beep ! – Ah pis toi tais-toi!
 
On se lève, debout garçon
Allez petit va faire pipi
Pantalon céréales, paires de bas verre de jus
Beep ! Beep ! Fuck ! Off.
Qu’est-ce que tu veux manger
Chandail avec du creton dessus
Parle pas la bouche pleine
Maman va être en retard
Allez les dents va faire pipi
Pantalon sac d’école et les bottes boîte à lunch
Mets tes mitaines et ta collation
            Mais pas encore
            Mais rien du tout
 
Voilà l’autobus
Bonjour monsieur Denis
Allez vas-y mon grand
 

            Je t’aime papa.
 
            (beep ! beep !)
 
[Je reprends le défi 30 semaines où je l'avais laissé en 2012]
 
Les matins d’école sont les pires matins. C’était vrai quand j’étais plus jeune – à quoi bon se lever si c’est pour faire quelque chose, après tout. C’est toujours vrai quand je suis parent. Dans toute son incohérence, ce que j’ai écrit là illustre assez bien la routine chronométrée nécessaire pour pousser le plus vieux – qui ne veut pas se lever, évidemment, alors que la fin de semaine, il est dans notre chambre en chuchotant à tue-tête à 6 h 15 qu’il aimerait bien écouter la télé… — pour le pousser donc, sans aucune méchanceté, dans le bus qui l’amène se faire éduquer par des plus compétents que moi dans l’élevage de descendance. Bon, j’avoue que j’ai cacophoné la chose un peu beaucoup, mais le stress qu’il soit en retard fait qu’il y a toujours un bout du matin qui me semble aussi chaotique. Et je ne suis que matelot dans tout ça, c’est la maman qui est capitaine du navire (elle, elle s’est levée au premier coup de cadran…), alors c’est dire comment ça doit être dans sa tête!
 
Ça va toujours trop vite, on a l’impression de les attacher dans leurs vêtements, de les gaver comme des poules du Kentucky (quand ils veulent bien manger et qu’ils ne sont pas dans une passe d’anorexie préscolaire), de les empêcher de découvrir le monde et leur imagination en coupant les jeux après cinq minutes (« encore une minute! », comme si on pouvait négocier avec le temps) pour faire des choses aussi futiles et inutiles que brosser les dents ou faire pipi avant de partir (« je l’ai fait tantôt! »). Nous, on ne se parle pratiquement plus – tu fais quoi, tu es où, tu reviens quand, avec qui – oui non non oui oui non Rita – un ti bec en partant à la mauvaise haleine du quasi-retard. Au bout du compte, les matins d’école, eh bien, ils ne sont pas… satisfaisants pour personne.
 
Et puis là, tu as ton petit qui soudainement te fait un câlin avant de partir. Qui te dit « je t’aime papa! » même si tu as bien l’impression que tu ne le mé
rites pas. Qui te fait un thumbs up dans la fenêtre du bus avec un sourire fendu jusqu’aux oreilles. C’est comme si un autre cadran se mettait à sonner dans ta tête.
 
Il serait peut-être le temps de juste prendre le temps. Même les matins d’école.
 
La tite-morale-à-deux-cennes est clichée, c’est sûr. Mais demain, je veux voir mes enfants rire avant qu’ils partent à l’école et à la garderie. Ça doit être aussi important que le déjeuner, ça…