mardi 21 janvier 2014

Semaine 15: Photo de famille

LES MATINS D’HIVER SE PRÉLASSER SOUS LES COUVERTURES…

Beep ! – Beep !
Snooze.

Beep ! – Beep !
– BEEEP !
Snooze.
 
Beep ! – Ah pis toi tais-toi!
 
On se lève, debout garçon
Allez petit va faire pipi
Pantalon céréales, paires de bas verre de jus
Beep ! Beep ! Fuck ! Off.
Qu’est-ce que tu veux manger
Chandail avec du creton dessus
Parle pas la bouche pleine
Maman va être en retard
Allez les dents va faire pipi
Pantalon sac d’école et les bottes boîte à lunch
Mets tes mitaines et ta collation
            Mais pas encore
            Mais rien du tout
 
Voilà l’autobus
Bonjour monsieur Denis
Allez vas-y mon grand
 

            Je t’aime papa.
 
            (beep ! beep !)
 
[Je reprends le défi 30 semaines où je l'avais laissé en 2012]
 
Les matins d’école sont les pires matins. C’était vrai quand j’étais plus jeune – à quoi bon se lever si c’est pour faire quelque chose, après tout. C’est toujours vrai quand je suis parent. Dans toute son incohérence, ce que j’ai écrit là illustre assez bien la routine chronométrée nécessaire pour pousser le plus vieux – qui ne veut pas se lever, évidemment, alors que la fin de semaine, il est dans notre chambre en chuchotant à tue-tête à 6 h 15 qu’il aimerait bien écouter la télé… — pour le pousser donc, sans aucune méchanceté, dans le bus qui l’amène se faire éduquer par des plus compétents que moi dans l’élevage de descendance. Bon, j’avoue que j’ai cacophoné la chose un peu beaucoup, mais le stress qu’il soit en retard fait qu’il y a toujours un bout du matin qui me semble aussi chaotique. Et je ne suis que matelot dans tout ça, c’est la maman qui est capitaine du navire (elle, elle s’est levée au premier coup de cadran…), alors c’est dire comment ça doit être dans sa tête!
 
Ça va toujours trop vite, on a l’impression de les attacher dans leurs vêtements, de les gaver comme des poules du Kentucky (quand ils veulent bien manger et qu’ils ne sont pas dans une passe d’anorexie préscolaire), de les empêcher de découvrir le monde et leur imagination en coupant les jeux après cinq minutes (« encore une minute! », comme si on pouvait négocier avec le temps) pour faire des choses aussi futiles et inutiles que brosser les dents ou faire pipi avant de partir (« je l’ai fait tantôt! »). Nous, on ne se parle pratiquement plus – tu fais quoi, tu es où, tu reviens quand, avec qui – oui non non oui oui non Rita – un ti bec en partant à la mauvaise haleine du quasi-retard. Au bout du compte, les matins d’école, eh bien, ils ne sont pas… satisfaisants pour personne.
 
Et puis là, tu as ton petit qui soudainement te fait un câlin avant de partir. Qui te dit « je t’aime papa! » même si tu as bien l’impression que tu ne le mé
rites pas. Qui te fait un thumbs up dans la fenêtre du bus avec un sourire fendu jusqu’aux oreilles. C’est comme si un autre cadran se mettait à sonner dans ta tête.
 
Il serait peut-être le temps de juste prendre le temps. Même les matins d’école.
 
La tite-morale-à-deux-cennes est clichée, c’est sûr. Mais demain, je veux voir mes enfants rire avant qu’ils partent à l’école et à la garderie. Ça doit être aussi important que le déjeuner, ça…