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dimanche 24 août 2014

Impromptu - pour des bas filets



Comme un bleu, je me suis fait avoir
Je me suis bêtement fait leurrer
Bien que le filet fût bien noir
Dans son entrejambe je suis tombé
 
Mais pourquoi aurais-je résisté
Et comment aurais-je pu, anyway
La douceur du piège sous ses mailles
Aura sans doute été ma juste faille
 
Je m’y suis donc joyeusement jeté
J’ai pris mon souffle, fermé les yeux
J’ai enfoui ma tête dans sa féminité
Et je m’y suis perdu - comme un bleu

lundi 29 avril 2013

Septième image: bouton


Je t’ai vue comme une promesse :
Un bouton manquait au haut de ton chemisier.
Tu venais vers moi, doucement, avec paresse,
Un sourire délicatement dessiné
Sur tes lèvres et tes yeux charmants sur moi posés
Me regardaient, comme une première fois.
 
Je t’ai vue comme une promesse :
La ligne de ton soutien-gorge bleu foncé,
Sur ta blanche peau discrètement manifeste
Comme un horizon de souvenirs de tendresse,
Avait capturé mon regard embarrassé
Qui contemplait, comme une première fois.
 
Je prenais un verre assis à un bar quelconque, à Saint-Eustache, pas loin d’Oka où se tenait un colloque d’archéologues. Pourquoi étais-je seul à un bar de Saint-Eustache un soir de colloque d’archéologues à Oka, alors que l’on sait tous que la principale activité des archéologues en colloque est de prendre un verre quelque part, mais ensemble? C’est que je présentais le lendemain, et je devais garder des forces pour terminer de préparer ma présentation le lendemain avant-midi. J’avais donc abandonné collègues et amis sur la plage d’Oka pour revenir à mon pieu, me promettant que le lendemain j’en profiterais davantage, mais je n’allais tout de même pas aller me coucher là, comme ça, sans prendre un dernier verre – ça ne rendrait pas justice à la profession, à ma Beauce natale non plus, ni à ma réputation. (Pour la petite histoire, je n’ai pu célébrer beaucoup le lendemain, subitement atteint par un rhume qui nous avait attaqués, sans que je le sache, à la maison avant mon départ – annonce à mes collègues et amis : je vous ai peut-être infecté par mes poignées de mains ou bisous sur la joue, désolé).

Toujours est-il que je n’avais pas en tête les thèmes du présent défi, mais que j’avais envie de griffonner. J’avais un papier, et j’ai demandé un crayon à la barmaid habillée étrangement à la mode 80, avec une espèce de t-shirt gris, laid et trop ample, aux ouvertures pour les bras démesurément grandes, laissant entrevoir sous les bras les bandes latérales de sa brassière – brune tirant vers le chair. « Comme une promesse », me suis-je alors dit en voyant cette couleur qui rappelait celle de sa peau et qui donnait un peu la fausse impression d’être transparent, avant de sortir mon téléphone pour aller voir quel était le thème de la semaine.

Bouton, m’a-t-on dit. (J’ai relu cette phrase à voix haute, et ça sonne joliment… bouton, m’a-t-on dit, bouton matondi, bouton matondi!)

Et tout ça s’est mis en place. La rapidité et la fluidité de la première écriture me poussent à considérer ces vers comme spontanés, bien qu’il y ait eu exercice de réécriture par la suite – une première écriture vendredi dernier, et je l’ai retravaillé ce soir, lundi, en attendant que les petits soient bien endormis. J’ai tenté de redresser le rythme par une régularité des principaux vers, bien que la rime, elle, ne soit pas régulière. J’avais d’ailleurs un peu de difficulté avec l’écoulement des vers : ça bloquait un peu parfois. C’était peut-être dû à l’absence de ponctuation, que je viens d’ajouter et je trouve effectivement que ça aide. La séparation des sujets, verbes et compléments joue peut-être aussi…
 
Je suis content de la façon dont le thème de la semaine ne devient qu’une excuse pour écrire quelque chose, comme le point de départ, la provocation, à la création de toute une image, de toute une scène, et son point final. Ici, je pars du bouton, dont l’absence est présentée au premier vers qui décrit l’image. Puis, la caméra recule, vers un plan large où l’on voit la dame s’avancer vers moi. Finalement, elle revient, en zoomant, avec mon regard, sur cet endroit où devait se trouver le bouton.

Ce fragment de douze vers réussit ainsi bien, je trouve, à accomplir l’idée de faire des images, des dessins, des photos, avec des vers. Je le trouve évocateur, et je crois qu’il réussit à recréer, pour chaque lecteur (well, chaque lecteur masculin, du moins), une image qui lui parle. En tout cas, moi, ça me parle. Ce qui veut sans doute en dire plus sur moi que ça devrait…

Bon, ça va, je le mets dans les Perv' vers...

mardi 12 février 2013

Nouveau Défi


Bon, bon, bon, apparemment j’ai besoin d’un coup de pied dans le cul pour prendre un crayon et écrire des trucs, alors voilà, je me donne un coup de pied dans le cul et je me force l’orgueil pour me remettre à J’Inexiste. Bon, ce n’est pas tout à fait vrai que je n’écris plus, et comme je le disais ailleurs, c’est déjà ça, au pire, maintenant je réalise que je n’écris plus, alors quand même, c’est un pas en avant. Je pense, j’y pense, j’y réfléchis souvent, et il m’arrive de jeter sur papier des scribouillis. Souvent, c’est nul, surtout quand je me propose d’écrire quelque chose, je barbouille alors par-dessus, pousse le papier, puis le mets à la corbeille éventuellement, quand j’ai besoin de place sur le bureau pour m’étendre un peu. J’ai vraiment écrit des trucs mauvais de cette façon, c’est presque gênant. J’espère que les travailleurs au recyclage ne s’amusent pas à lire les scribouillis à recycler. Je devrais les prendre comme papier d’allumage par grands froids, ce serait plus prudent.

Parfois, c’est bien, enfin, je trouve ça bien, ce qui veut dire ce que ça veut dire. Je suis généralement assez sévère avec moi-même quand il s’agit du travail, peut-être aussi quand il s’agit du reste, mais être sévère avec soi-même, c’est tout relatif. Je veux dire, c’est clairement biaisé, parce que j’ai naturellement un certain conflit d’intérêts, alors voilà, me voilà baisé. Je suis sévère avec moi-même, c’est pourquoi je suis incapable de faire confiance à mon jugement, et qu’a posteriori je trouve poche des trucs que je trouvais bien, ou bien des trucs que je pensais nuls. Au bout du compte, anyway, pourquoi s’en faire – c’est pas comme si c’était grave. C’est là-dessus que je devrais m’accrocher. Ça n’a aucune importance si c’est nul ou non, l’idée c’est d’aligner des mots.

Non, c’est faux, ça a une importance. À quoi bon écrire si ce n’est pas pour valoir la peine d'être lu? Pourquoi est-ce que j’écris, au bout du compte? Je reviens à cette question. Parce que j’aime ça? Parce que je me prétends que ça vaut la peine? Pour me donner un style, peut-être, une identité, objectif que je cacherais sous ce titre prétentieux d’humilité, J’inexiste?

Je crois que j’écris parce que j’ai écrit. En 6e année du primaire, j’avais joint un club de poésie, animé par une enseignante de maternelle, je crois – pas certain, mais sa façon d’être allumée me fait penser à ça aujourd’hui. Une tripeuse de Félix Leclerc, que j’aimais bien, moi aussi, déjà, grâce à une cassette audio que ma mère avait achetée. Je sais que j’avais déjà fait des poèmes avant ça. Pendant mon secondaire, j’ai utilisé mon teen angst pour noircir des paquets de 200 feuilles lignées que je traînais dans leur emballage de plastique d’origine à tous mes cours (j’utilisais ces papiers pour dessiner des têtes empalées, aussi – le seul dessin que j’étais capable de faire avec un certain talent). Dans ma jeune adulterie, j’ai mélangé plus souvent qu’à mon tour crayon et alcool. J’écris, donc, parce que j’écris.

Maintenant, pourquoi est-ce que je publie tout ça ici? Sans doute pour être lu, notamment par les personnes… qui me lisent. Sans plus. Mais rien de moins. C’est quand même pas mal, savoir que des gens – pas beaucoup, mais quelques-uns, qui ne sont pas obligé d’aimer ce que je fais (parce qu’ils seraient de mes géniteurs, ou de mes épouses, par exemple – quoique je soupçonne que ma mère – ou mon épouse – n’aime pas tout ce que j’écris ici…) viennent ici à chaque fois que j’y mets quelque chose. Savoir qu’en plus de ça, de temps en temps, d’autres viennent aussi me lire, de façon irrégulière, pour le plaisir d’aimer ça, un peu – ou de détester, beaucoup, et de me trouver stupidement prétentieux d’écrire. De temps en temps, j’ai touché quelqu’un suffisamment pour qu’on écrive quelque chose, publiquement ou en privé, de gentil. Ça fait plaisir. C’est plus agréable que d’avoir des nouvelles d’un rapport technique sur des trous creusés dans le coin de Causapscal…

Je viens de relire ce que j’avais écrit au début du défi 30 semaines. Ça s’applique toujours pour ce nouveau défi. J’aurais pu terminer le 30 semaines, que j’ai échoué à la moitié, mais ça me tente d’avoir du nouveau. Je pique à une amie cette idée, originellement pour des photos en février : Le Photo A Day Challenge devient pour moi Une Image Par Semaine. Je regarde les thèmes, et je le sens bien – surtout parce que je n’y vois pas de « favorite whatever ». J’ai hâte à la vingt-septième semaine. Et c’est en même temps une façon de remercier, indirectement, cette amie qui a été de celles qui m’ont encouragé à continuer, simplement en me faisant savoir qu’elle lisait, de temps à autre, et que, parfois, elle aimait bien.
 

Et puis, je me rappelle avec force mon vœu : Toujours être meilleur que Jonathan Painchaud ou Boom Desjardins. Parce que je ne suis pas un chanteur populaire, qui aux dires de plusieurs a vraiment tout pour plaire, derrière sa façade, de stoïque bellâtre, je ne suis pas aussi solide qu’une statue de plâtre, alors fuck me si je pousse pousse pousse de la fonte, pour oublier la honte d’écrire une merde aussi désolante.

Ça va bien finir par me mordre au cul, ce genre de pensée méchante.


PS - question d'écrire quelque chose que n'apprécierait pas ma mère ou ma douce, justement, et d'éviter de faire un post sans vers, voici en grande première un Impromptu que j'avais écrit en 2003, alors que je trempais souvent ma plume dans l'alcool. Je regardais plus tôt les dates de mes documents informatisés pour y déceler le hiatus, mais ça ne marche pas, car ceci, écrit en 2003, a été informatisé en 2008... Mais ça m'a bien fait sourire...

IMPROMPTU

À trois mètres devant moi elle danse
Se meut et m'appelle d'une flamme
Et mes yeux assistent à la déhanche
De cette petite et jolie dame

Hélas le travail de cette allumeuse
N'a de finalité que l'intérêt du regard
Je sais qu'elle resterait dédaigneuse
Si au-delà je lui présentais mon dard

(excusez-là)

mercredi 5 septembre 2012

La corde à linge



Soutif blanc, tanga rouge
Regard innocent ou moue farouche

Brassière canari bien légère
Pour jour de pluie et jeu de chair

Culotte bleutée quasi transparente
Laissant deviner ton entrejambe

Guêpière et corset d’un blanc immaculé
Porte-jarretelle discret finement décoré
Témoins muets de grandes soirées

Nuisette de satin, blanche et bleue
Pour les caresses du matin, au réveil langoureux
Je la lèverais doucement, quand tu dormirais encore
Au petit matin blanc pour surprendre ton corps

Tes cheveux d’or sur ton corsage noir
Qui laisse sans effort entrapercevoir
La symphonie de ton corps qui valse dans le noir
Et qui valse encore et qui valse sans savoir
Qu’il est métaphore de ton corsage noir
Accroché dehors sur ta corde séchoir

Quelques vêtements accrochés dehors
M’auront impunément raconté ton corps

L’inspiration vient parfois en de bien drôle d’endroits. Un jour pendant l’été qui s’achève, j’étais dehors à décrocher les vêtements de la famille de la corde à linge. C’est bien cute, des petits chandails, et ça fait sourire, des bobettes de Batman (pas les miennes, celles de mon garçon). Mais tout notre linge passait par cette corde, et je me suis drôlement senti exposé quand j’ai décroché une de mes paires de boxers que je ne devrais pas mettre si je prévois faire un accident, m’aurait dit ma mère… Les boxers, propres mais maganés, ont pris la direction de la poubelle. Ma tête a pris une autre direction.

J’ai eu l’idée d’un poème qui aurait célébré les sous-vêtements d’une dame, inconnue et que je n’aurais jamais vue. J’ai écrit, sur un carton, « La corde à linge » pour me souvenir de mon idée, et j’ai vaqué à mes autres occupations, somme toute beaucoup plus plates que rêvasser à des sous-vêtements féminins, vous en conviendrez… C’est resté là, sur mon bureau, pendant longtemps – quatre, cinq, six semaines. Un moment donné, quatre vers d’introduction s’y sont glissés, mais je ne les aimais pas, ils faisaient trop convenus, trop mise en place, trop, je ne sais pas, narratifs. Alors, j’ai mis le carton de côté, incapable de poursuivre car assis sur un mauvais départ.

Puis le cœur de la chose s’est développé de façon saccadée ces deux dernières semaines. Exit la mise en place, j’entre dans le vif du sujet sans rien situer. J’aligne sur ma corde à linge imaginaire tout mon vocabulaire de lingerie en leur donnant des couleurs, des textures, et des contextes.
J’aime beaucoup les deux dernières strophes. L’avant-dernière, d’abord, celle de la valse, qui se lit un peu comme une danse – une, deux, une, deux (bon ok, je sais, la valse a trois temps, mais bon, que voulez-vous, j’en ai deux dans mes vers). J’ai eu un peu de misère avec la deuxième partie du dernier vers – il est resté incomplet pendant plusieurs jours, mais le reste est venu plutôt rapidement. La dernière ensuite, qui devenait essentielle après avoir enlevé la mise en contexte. Elle a été écrite à la toute fin, après même avoir dactylographié le reste, et j’aime bien le voile qu’elle jette sur tout ce qui précède – tout ça, c’était une rêvasserie.

J’ai pris bien des libertés dans l’écriture de cette corde à linge. Aucun vers n’a été compté, mais malgré ça je trouve le rythme intéressant, bien qu’irrégulier. Mais peut-être que c’est juste pour moi – j’ai écrit la chose, alors je lui impose un rythme qui va avec ce que je veux dire et comment je veux le dire. Le défi, c’est de faire reproduire ce rythme dans la tête du lecteur. C’est l’avantage, je crois, des vers comptés : on contrôle peut-être un peu mieux comment la pièce est lue. J’ai aussi pris quelques libertés avec les rimes (rouge/farouche; transparente/entrejambe). Les sons se ressemblent, et si j’étais réciteur je pourrais sans doute les faire sonner assez semblablement, mais ici c’est plutôt le lecteur qui devra simuler ces rimes. Je sais que, personnellement, quand je lis de la poésie et que les rimes sont fausses, ça me stoppe un peu. Placés au début, ils pourraient canarder toute la suite… Je le publie comme ça quand même, parce que je l’aime déjà bien. J’y reviendrai peut-être. (right.)

vendredi 8 juin 2012

LIBERTÉ! Un poème cochon


Approche libertine,
Allez, viens embrasser ma liberté coquine
Prisonniers de ce lit nous serons insoumis
Je suivrai ta langue comme unique doctrine
Et ton corps sera ma seule philosophie

Je suis l’otage de ton souffle soupirant
Lui-même esclave du Capital érotique
Alors viens, anarchisons nos sens décadents
Qui s’enflamment en désobéissance lubrique

Laisse s’évader ta généreuse poitrine
Des prisons délicates de ta lingerie
Et dévoile à mon regard tes courbes divines
Et toutes les splendeurs de ton corps interdit

Émancipons-nous enfin des tabous d’antan
Qui retiennent nos corps par des chaînes tragiques
Envolons-nous dénudés vers le firmament
Où libérés nos corps deviendront séraphiques

Approche libertine –
Alors que je te possède entre les cuisses
Toi – rebelle coquine
– Révolutionne doucement mon pénis

J’ai parfois des éclairs de génie.

Je m’emploie alors activement à tenter de les corrompre le plus possible.

Ce poème est inspiré de quelque chose que j’avais écrit sur Facebook, où je disais, grosso modo, que les libertariens me tapaient sur les nerfs, que je trouvais naïfs les libertaires, et que somme toute je préférais nettement à tous ceux-là les libertines. J’avais là un fort joli jeu de mots, que j’avais fort bien écrit, qui est passé fortement inaperçu, mais qui m’est resté et qui a mené à une première version de ce poème.

Dans celui-ci, je mettais en opposition les visions libertarienne et libertaire de la liberté, en tentant de les rendre aussi inutiles l’une que l’autre – la première par son fonctionnalisme individualiste, la deuxième par son utopiste révolutionnaire. Et je terminais en disant, finalement, viens ma belle, laissons-leur leur débat; nous, par nos ébats, nous allons nous faire une petite liberté en tête à tête. Genre. Mais les deux premières parties étaient faibles, très faibles, tiraient dans tous les sens. Et je crois que nommer Éric Duhaime ou Joanne Marcotte dans un poème érotique, ben, c’est un peu comme voir Éric Duhaime ou Joanne Marcotte pendant une aventure érotique. Frisson garanti, mais pas pour les bonnes raisons.

D’où cette nouvelle version, qui s’en tient à la partie cochonne de l’exposé.

C’est un de ces papiers que j’ai laissés traîner sur mes bureaux, sans vraiment vouloir y retoucher pendant quelque temps par peur de le rater. Il a été écrit en plusieurs séances, strophe par strophe, et même parfois un ou deux vers à la fois. Hier, j’ai fait une refonte à peu près complète de la progression, menant à une redivision des strophes et à quelques changements dans l’ordre des vers, ce qui m’a aidé, je crois, à poursuivre l’écriture. Depuis le début de ce blog, j’ai rarement planché sur des vers comme je l’ai fait ici, écrivant, et réécrivant, sur papier et dans Word.

Comme je l’ai déjà écrit, mes vers se composent souvent en quasi-alexandrins – en douze pieds, plus ou moins un. Ce damné pied de trop ou de manque est une source de frustration – il arrive que j’adore le vers dans son irrégularité, mais avoir un vers de 11 ou de 13 pieds dans une série où ils font tous 12 pieds paraît mal – même lorsque je commence en me disant que je vais me foutre du décompte. Comme si un taouin allait se mettre à compter mes pieds. J’ai laissé tout de même le dernier vers à 11 pieds, en ajoutant une pause de circonstance juste avant. La pause se justifie par le rebelle coquine mis entre tirets, mais aussi, et surtout, par la chute.

Ah, cette chute! Elle m’est apparue rapidement, dès les premières écritures, et je ne savais pas si j’étais sérieux ou non. Vais-je vraiment écrire ça? Et si oui, vais-je le publier? Malgré sa vulgarité, j’aime ce vers, j’aime l’expression. J’ai réaménagé un peu la strophe, car la première version rendait sa lecture difficile, à cause du rythme. Elle n’est peut-être pas toujours aisée à la première lecture, avec les pauses que j’y impose par ponctuation – quelque chose que je ne fais pas souvent. Mais je crois qu’à la relecture, ça se replace.

dimanche 25 mars 2012

Vénusse



VÉNUSSE 

Légèrement vêtue comme une brune Vénus
Servant son nectar aux barbares rassemblés
Exposant aux regards son magnifique buste
La courbe magique de son muscle fessier
Elle pourrait causer des guerres
            Sur la Terre entière
Et n’aurait qu’à se pencher
            Pour les arrêter 

L’autre soir, je me suis arrêté pour boire une grosse bière au Pub O’Totem de Donnacona, en revenant du travail. Étonnamment, c’est plein le jeudi soir – je ne pensais pas qu’il y avait un night life à Donnacona, me voilà renseigné. Sans doute que le karaoké aide à attirer des clients (et non, je n’ai pas chanté, j’ai déjà eu ma leçon), mais ce sont sans doute les barmaids qui sont la cause principale de la grande quantité de testostérone dans le bar. Je dédie ces vers, gribouillés dans mon petit carnet de cuir qui a repris du service, à l’une d’elles. Une barmaid en plastique au corps de revue, et au sourire aussi sincère que… bon, je ne trouve pas de comparaison, je me suis perdu dans le souvenir de la contemplation de ce que peut faire la nature quand elle est un juste petit peu aidée par des vêtements trop serrés et, qui sait, d’un ou deux coups de bistouri… 

Le titre, Vénusse, réfère à la déesse romaine, bien entendu, mais telle qu’elle serait nommée par ces hommes un peu saouls qui vont commander leur Coors Light dans le décolleté de la mam’zelle (pas moi – moi, je suis Molson Ex). Tous ceux qui venaient au bar chercher leur breuvage se sentaient obligés de laisser tomber un commentaire un peu épais ou un peu grossier, avant de repartir avec leur rire un peu gras. Manque de classe, que je me disais, bien assis à ce même bar – moi, j’avais au moins la décence de garder le silence. Il ne faut pas être bavard devant une statue romaine (à laquelle on aurait réduit la taille et grossit la poitrine, bien sûr; les canons évoluent…). 

Le propos est superficiel, et traite de superficialité. Oui, je réduis cette demoiselle à son seul corps – ce n’est sans doute pas correct, mais je l’assume entièrement. Je n’ai aucune envie de jaser avec la dite dame, mais je retournerais bien lui acheter une bière… Je célèbre donc au départ son corps, ce qui est superficiel peut-être, mais tout de même gentil, je crois. Les cinq et sixième vers rappellent encore le monde mythologique gréco-romain, en insinuant que cette « Vénusse » pourrait, à l’instar d’Hélène de Troie, être la cause d’une guerre (ou d’une bagarre de bar) si elle avait le malheur de battre les cils dans une mauvaise direction. Mais c’est dans la finale que je donne une teinte particulière à la pièce, à la façon d’un impromptu un peu baveux, et un peu déplacé. Si la dame devait me lire, son sourire flatté tomberait à la fin du septième vers, et elle pourrait vouloir ponctuer le suivant d’une gifle. 

Au départ, je visais un sizain d’alexandrins. Mais je n’arrivais pas à garder le sens que je voulais, exactement, dans les deux derniers vers, en réduisant le nombre de pieds à 12. J’avais besoin des deux pieds supplémentaires afin de garder l’aspect hypothétique – elle pourrait causer des guerres, et elle pourrait les arrêter. Réduire l’avant-dernier vers, et mon sens devenait qu’elle causait les guerres, ce qui est évidemment pas le cas d’une barmaid qui travaille dans un obscur débit de boisson de banlieue éloignée.  

J’ai donc choisi de les diviser, ce qui a de toute façon un impact que j’aime dans le rythme, pour la finale. La description garde ainsi un style classique, qui sied à la comparaison que je fais avec Vénus et laisse l’impression qu’il s’agit d’une pièce romantique un peu convenue. Le rythme change pour la finale, avec un 8-5 suivi d’un 7-5. J’utilise rarement des vers impairs, je ne sais pas pourquoi, et je dois avouer que j’ai cherché à faire du 8-6 – ou du moins, à les rendre constants (8-5-8-5, ou 7-5-7-5). Mais je n’aimais pas ce que ça donnait. 

Je suis assez content du résultat. J’aime la succession des sons et le rythme interne de chaque vers. Le travail que j’ai eu à faire après la première écriture disqualifie sans doute le qualificatif d’impromptu que j’aurais aimé leur donner, et qui aurait été un clin d’œil à un autre truc que j’ai écrit il y aura dix ans très exactement demain, à ce que je viens de voir (j’ai parfois noté la date de ce que j’écrivais) – comme quoi il semble y avoir un cycle dans mes mots. Pour votre plaisir, écrit le 26 mars 2002, au Palladium, si je me souviens bien : 

IMPROMPTU – À LA BARMAID 

Damoiselle, ce seigneur semble te trouver fort belle
De la façon dont te regardent ses yeux pervers
Dis-moi, qu’en serait-il si tu n’étais pas celle
            Qui lui apporte sa bière?

vendredi 9 mars 2012

Semaine 10 bis: Friandise préférée


Je resterai, promis, si tu dis gente dame
Que si je reste ici, tu m’offres mon nanane.
Bon, elle était facile, et pour que ça finisse
Encore plus puérile…
                                   Accepte ma réglisse. 

Voilà ce premier texte que j’avais composé avec le thème de la semaine, sur les friandises (le deuxième a été publié hier). En me rendant au travail mercredi matin, je jouais en esprit avec le nanane comme friandise, de ce nanane dont parle Homer Simpson quand il se plaignait de ne pas l’avoir à la Saint-Valentin. Je commençais comme si je parlais à quelqu’un(e) et lui disais que je devais partir pour écrire sur une friandise. J’écrivais, donc, ce que j’allais écrire, tout en écrivant ce que j’allais écrire. Vous me suivez?

J’ai supprimé cette entrée en matière, pensant la remplacer par autre chose, par une autre raison qui aurait fait que je serais parti, mais que j’aurais pu décider de rester si.... Finalement, je l’ai laissé tombé complètement. Le résultat a plutôt l’allure d’un fragment qui terminerait un plus long poème. Un quatrain, plutôt que le « sextain » dont je parlais hier, que je pourrais sans doute mettre en lien avec cette bonne bouffe 

C’est écrit en alexandrins tout classiques, avec la césure juste à la bonne place (mais je me souviens jamais de la règle du e muet dans la césure – tant pis). Je me suis également efforcé de garder la rime à l’intérieur. Je reconnais que la métaphore de la réglisse, bien que l’on peut la comprendre, est un peu boîteuse – elle n’est bonne que dans le contexte de la friandise, et uniquement parce qu’elle plaît à la rime… 

Oh, et en passant: je sais que c'est un peu beaucoup colon.

mardi 17 janvier 2012

Semaine 3: Nourriture préférée...



Je pourrais être fin, te dire gentiment
Que mes meilleurs repas étaient ceux avec toi
Mais toi tu me connais, tu saurais que je mens
Que les meilleurs repas, nous les mangeons à trois...

(excusez là)

Avec un thème comme bouffe préférée après animal préféré, ce n'est pas un défi d'écriture que j'ai l'impression de faire, mais un jeu de maternelle... J'ai passé plus de temps à chercher quel était effectivement mon mets favori plutôt que de penser aux mots eux-mêmes, ce qui m'enlève un peu d'intérêt pour le jeu... Ce n'est pas une activité de croissance personnelle que je cherche, bien que l'écriture est toujours introspective, mais des exercices avec les mots, des jeux de vers.

J'ai pensé un moment donné aller vers la sentimentalité à deux sous - Aahh! manger avec toi, comme j'aime ça - mais je n'ai plus 14 ans non plus, alors non, ça n'allait pas (mais cela a tout de même mené aux deux premiers vers...). Alors j'ai cherché dans la dérision, par une chute qui se voudrait un finger au thème lui-même: ma bouffe préférée, ce n'est pas de la bouffe. On peut voir, biffée, la première idée - c'est bon si je ne fais pas la vaisselle. Égoïste, anti-romantique, quelle belle poésie! Une petite blague, à l'impromptue un peu, un quatrain pour dérider.

Puis, finalement, je me suis souvenu de ce à quoi on s'attend de moi, du moins, dans certains cercles. J'ai visé le double sens, dont le deuxième sens est bien entendu vulgairement sexuel - qu'est-ce que j'aime manger? eh bien, ma p'tite dame, je vais vous le dire, ce que j'aime manger! Dans cette optique, je pense que la chute est un peu ratée, mais j'arrivais à mon temps limite, alors tant pis.

Côté forme, je renoue plutôt facilement avec l'alexandrin, qui me revient encore souvent naturellement, ou presque. Mais dans ce cas-ci, malgré qu'ils soient symétriques, je trouve qu'ils manquent de rythme. Je pense que le rythme doit émaner du vers, que le lecteur le (re)découvre lui-même comme il a été écrit. Ce n'est pas le cas ici.

Finalement, je découvre une toute nouvelle utilité à mes longues minutes de transport. Ça fait quelques fois que les vers me viennent derrière le volant, et que je les laisse murir sur la route. Les deux premiers vers ici ont été pensés hier soir, Cap-Santé - Limoilou. Le troisième est né ce matin, Cap-Santé -Trois-Rivières, mais il a tout de même nécessité une chirurgie ce midi au dîner. Le dernier vers - la chute - a été plutôt difficile. C'est évident, bien sûr - c'est dans les derniers six pieds que tout doit tomber en place, c'est court pour déconstruire 42 pieds...

Oh, et dois-je spécifier que dans ce cas-ci, il n'y a rien d'autobiographique? (ajouterais-je, yet...?)