Parmi tous les plaisirs de mon palais
Deux me sont essentiels
Deux dames dont jamais
j’me passerais
Plus douces que le miel
La première est blonde
comme le blé
L’autre brune foncée
J’embrasse celle-là le
soir venu
L’autre à l’aube torse nu
On aura reconnu ma
tasse de café
Et la bière que je
bois avant le coucher
J’en ai assez de ces thèmes de préférence! Mais étonnamment,
j’ai réussi à écrire non pas un truc, mais deux ! sur celui de cette semaine.
Le premier ici haut est en fait le second que j’ai écrit, inspiré hier soir par
la machine à café qui me donnait mon jus après une longue attente (la salle
était fermée, et le gardien était nulle part…). L’odeur du café semblait
m’enrober, tellement je l’avais attendu. Et on ne parle pas ici d’un petit café
gourmet, non, on parle d’un bon café filtre de machine, variété : « Corsé »,
degré : « Fort ». Bip, bip, grondement, silence… et cette
mélodie liquide du nectar qui s’écoule. Je crois que j’avais besoin de café. Et
je savais que je voudrais plus tard une bière. D’où ces deux maîtresses qui
ponctuent ma vie – café le matin, bière le soir (pas tous les soirs, bien sûr,
j’ai une bedaine à perdre, mais quand même…)
L’idée était de parler de ces deux breuvages communs, mais
sans le dire avant la toute fin. Les personnifier, sous les traits de
demoiselles. Le premier vers laisse entendre que c’est une métaphore, mais
c’est tout, jusqu’à la
chute. Celle-ci est un peu plate, et pourrait être élaborée
davantage.
La métrique est schmou. Le troisième vers fait 10 pieds , mais en
trichant. Je n’aime pas ces contractions orales dans l’écrit, l’équivalent
négatif, pour moi, que d’ajouter des Oh! et des Ah! quand on veut augmenter le
nombre de pieds. Ça peut parfois être justifié, parfois même nécessaire dans
certains contextes. Voir cette première strophe extraordinaire de la Translation of a Romaic Love Song de
Lord Byron, l’un de mes poèmes préférés :
Ah! Love was never yet without
The pang, the agony, the doubt
Which rends my heart with ceaseless sigh,
While day and night roll darkling by.
Non, l’interjection n’est pas métrique là, elle est là où
elle doit être, elle a un sens. Tout comme ce Oh! dans Le Lac de Lamartine :
Oh! Temps, suspend ton
vol, et vous, heures propices
Suspendez votre cours!
Laissez-nous savourer
les rapides délices
Des plus beaux de nos jours
J’adore Le Lac de
Lamartine (mais j’ai oublié la ponctuation). Cette strophe est possiblement
l’une des plus belles de la poésie française.
Pour en revenir à ma métrique, ce j’me m’est devenu incontournable, car mon alternative était
illisible :
Deux dames dont je ne
me passerais
Le je ne me sonnait
faux. L’autre problème est au dernier vers de la première strophe, qui fait
sept pieds au lieu d’en faire six. Mais j’aime le son de L’autre à l’aube. À la lecture, le rythme ne me paraît pas trop
brisé, mais c’est peut-être parce que j’élise le e de aube.
Est-ce que je vais mettre en ligne le premier sizain que
j’avais écrit (dont le terme sextain serait sans doute plus approprié…)?
Peut-être plus tard, quand j’aurai eu le temps d’y retoucher…
Un de mes préférés celui-là.
RépondreSupprimerMerci! J'ai pourtant l'impression qu'il reste inachevé, qu'il lui manque un petit quelque chose...
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