Dans une boîte de
clous j’ai trouvé
L’histoire d’une
poignée de colons
Qui sont venus là sans
jamais penser
Qu’ils y venaient pour
fonder une nation
Dans une boîte de
clous j’ai trouvé
La grandeur de ce rêve
fondateur
Et par la forme de
clous décorés
J’ai vu resplendir la
gloire et l’honneur
Dans une boîte de
clous j’ai trouvé
L’élégance de
l’ouvrier agricole
Qui dans sa vie en
aura échappé
Quelques dizaines sur le sol
Dans une boîte de
clous j’ai trouvé
Le souvenir d’un
grand-père éloigné
Qui jouait de son
marteau fort usé
Pour enseigner à ses
fils son métier
Dans une boîte de
clous j’ai trouvé
Toute une histoire
pour ma descendance
Et ceux qui cherchent
à nous les enlever
Ne pourront jamais en
saisir le sens
Car
Dans cette boîte de
clous se trouvait
La mémoire de la nation
Et ils sont de ceux
qui préféreraient
Qu’on en efface jusqu’au nom
Je n’ai pas beaucoup la tête à réfléchir ce soir, mais je
suis tout de même retombé sur ce texte que j’avais laissé traîner sur mon
bureau. Je me souviens l’avoir pensé (dans la douche, pour ceux qui veulent se
rincer l’esprit), l’avoir mis sur papier, puis l’avoir trouvé moyen. Je l’ai
donc laissé traîner, me disant officiellement que j’allais y revenir, croyant
quelque part dans le fond de ma tête que je le laisserais sans doute incomplet.
J’ai un ou deux autres textes du genre qui traînent ici et là, que je devrais
peut-être tenter de retoucher, mais qui m’inquiètent – j’ai peur que si j’y
retouche, le résultat ne soit pas à la hauteur de mes attentes…
Je me suis mis à relire celui-ci ce soir et, ma foi, il n’était
pas si pire que ça. J’ai fait sauter une ou deux strophes, j’en ai ajouté une
autre, ce qui en a amélioré la progression. J ’ai retravaillé la longueur des
vers pour garder un rythme constant. Le propos me semble moins fort que ce que
j’aurais aimé, mais je peux vivre avec.
Ce propos est inspiré des récentes compressions à Parcs Canada, affectant massivement le centre de service de Québec et particulièrement l’équipe archéologique, et le déménagement des collections archéologiques de Québec vers la région d’Ottawa (sur la rive est de l’Outaouais, attaboy, me voilà tellement plus heureux!). Je voulais signifier un au revoir à ces collections, qui permettent de mieux comprendre le passé, de mieux documenter notre Histoire (ou permettaient, c’est selon, seul le temps le dira, ce qui est ironique parce que d’habitude ce sont elles qui disent le temps mais bon tant pis, c’est juste des clous et puis, tiens, enfermés dans un gros entrepôt ils retrouveront peut-être leur fonction première, soit de fermer des caisses, ce qui est joyeux, j’imagine, pour un clou, en train de rouiller à l’abri des regards, que de retrouver sa fonction). Sans équipe affectée à leur étude, et une équipe réduite chargée de les conserver, ces objets s’enfouiront sans doute tranquillement dans l’oubli. Et perdre son passé, c’est beaucoup perdre son identité. Et perdre son identité, c’est beaucoup hypothéquer son avenir.
Mais, bon, je l’ai dit, je n’ai pas la tête à réfléchir.