mardi 5 mars 2013

Troisième image: Mains

DELPHINE

Ta petite main
A tenu une dernière fois son doigt
Alors qu’elle glissait
            Doucement
Juste un peu plus loin.

Sa main toute douce
Ne caressera plus
            Ta joue
Quand elle sera humide,
Mais tu ne le sais pas.
            Pas encore.

Mais sa main, invisible
Sur ton épaule
            Quand tu lèveras la tienne,
            Quand tu donneras la tienne,
            Quand la tienne sera tenue
                        Par de petits doigts;

Sa main, toujours,
Restera sur ton épaule,
            Invisible.

Je n’ai pas l’habitude de publier à partir de mon bureau trifluvien, mais si j’attends d’être de retour à la maison les soirs où je décide de rester plus longtemps, ça fait que je me couche trop tard. Alors je fais exception et je publie ceci d’un bureau qui ne m’est pas aussi confortable que mon antre habituel. J’attends que mon café coule avant de retourner travailler, et je serai donc moins volubile. Une bonne chose, diront certains.

Une bonne chose, car ce texte ne devrait pas être trop expliqué, explicité, comme je le fais souvent. Simple mise en contexte qui s’impose : une petite cousine est décédée récemment du cancer, à 32 ans – et deux petites filles ont perdu leur mère, dont la plus jeune, Delphine, âgée de 19 mois à peine. C’est à elle, et à toute la famille, que j’ai pensé.

Et c’est tout. C’est la première fois que ce que j’écris pour J’Inexiste me donne le moton. Ça n’a sans doute rien à voir avec le texte, mais plutôt avec ce à quoi ça me fait penser.

2 commentaires:

  1. ça m'a pris beaucoup de temps à commenter ce texte parce que quand je l'ai lu, j'ai eu le moton moi aussi. Et Delphine, c'est le nom de ma soeur. Et ça m'a fait penser que ma soeur veut tellement un enfant et que cette enfant, cette Delphine, voudra tellement une maman. Qu'une jeune femme de 32 ans peut mourir d'un cancer quand mon père alcolo depuis 40 ans continue de trainer sa carcasse et que c'est don't ben fou les destins croisés des gens et de la vie.

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  2. Pas juste le moton...j'ai pleuré!! J'ai une tante qui est morte d'un cancer aussi à 32 ans. Sam et Caro ont donc à peine connus leur mère. C'est tellement triste.
    Maintenant que j'ai mes enfants, j'ai moins peur de la façon dont je vais mourir que du QUAND je vais mourir! Il ne faut pas que j'y pense si je veux dormir la nuit...

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