mardi 26 février 2013

Deuxième image: Mots


LE SILENCE EST D’OR 

Il y a des mots qui sont plus jolis s’ils ne sont pas dits
Des mots comme des soupirs ponctués de silences
Des mots comme des regards les yeux fermés
            Qui sont entendus dans le noir
            Quand il n’y a plus rien à dire

Il y a des mots qui sont plus cruels s’ils se taisent
Des discours qui méprisent sans faire de sons
Et des silences plus blessants que bien des insultes
            Qui sont clamés par des dos tournés
            Quand il y aurait trop à dire

Il y a des mots qui sont plus tristes quand il n’y a personne pour les dire
Des mots qui s’égarent sur le tracé d’une larme
Des mots comme des frissons de solitude
            Qui grelottent dans un lit trop grand
            Quand il faudrait parler

Les thèmes de ce défi m’inspirent plus que pour le précédent, peut-être parce qu’ils sont plus ouverts. Mais c’est peut-être temporaire. Anyway, j’avais quelques idées pour celui des Mots. J’avais d’abord pensé reprendre une de mes vieilleries anglophones, qui commence par A Word,  pour la « versionner ». Il y eut un temps où j’écrivais passablement en anglais, malgré une moins bonne connaissance de la grammaire, de la versification, du vocabulaire. Des fois, c’était pas pire, malgré ça, du moins, pour mes oreilles à moi. Et j’ai rarement fait lire à des anglophones, alors je ne sais trop. Bref, c’était une première idée, mais ça aurait été difficile : je suis sans doute trop près du texte : bien qu’écrit en 1998, c’est un des quelques textes de l’époque que je suis toujours capable de réciter – en partie. Je n’arrivais pas à me distancer pour faire plus qu’un bête mot-à-mot, et ça donnait un résultat très mauvais à cause des expressions utilisées qui n’ont souvent pas d’équivalents français.

J’avais pensé aussi faire de la prose. Je n’en ai presque pas fait depuis que j’ai repris mon crayon, et jamais sur J’inexiste, pourtant il fut un temps où c’était la principale manifestation de mon écriture automatique. Mais je ne me suis pas assis pour faire ça – ça demande un certain mindset que je n’ai pas cherché à atteindre.

Et puis il y avait cette idée d’y aller en free-style. Pas de mesure, pas de rimettes, juste… des trucs. Deux vers m’ont guidé. Le deuxième est arrivé en premier, la semaine dernière en revenant du bureau. Je disais des niaiseries, tout seul dans mon auto – je devais avoir l’air d’un méchant bizarre – pour trouver quoi écrire. À travers ces idées folles (comme celle d’écrire un sonnet composé uniquement des termes « mots » et « syllabes » — si ça paraît étrange comme idée, imaginez de quoi je devais avoir l’air, récitant ce sonnet à voix haute, avec intonations et tout, dans ma voiture), ce vers est venu. Puis, quelques jours plus tard, juste avant de me coucher, c’est le premier vers qui m’est apparu (d’où le stylo différent).

Arrivé à sept jours après la dernière publication – le délai de mon défi –, il fallait que je donne un coup pour terminer ce truc, alors je m’y suis attaqué ce soir au souper. Je ne suis pas totalement satisfait – il manque, il me semble, d’unité dans tout ça. Et il manque définitivement une strophe, une finale, quelque chose. L’idée au départ était de parler, simplement, de trois émotions qu’on manifeste souvent par des mots, et d’écrire qu’elles sont parfois plus intenses quand il n’y a pas de mot – « le silence est d’or ». Mais à la relecture, et la relecture, et la relecture, parce que je trouvais quelque chose qui clochait, je ne mettais pas le doigt sur le rythme, ça ne coulait pas… le sens m’a semblé différent : j’y ai entrevu une séquence d’émotions, la narration d’une déchirure. En ce sens, il me fait penser un peu à Au Final.

En y plaquant cette idée, et en le lisant d’une certaine façon, je me mets à l’apprécier un peu plus. Mais, d’une certaine façon, il me semble que ça signifie que c’est un peu raté : le rythme n’émane pas du texte, il est dans ma tête. Est-ce qu’il sera lisible par quelqu’un qui serait, comme ça arrive souvent, hors de ma tête?

1 commentaire:

  1. quand j'ai lu le titre sur le papier, j'ai lu 'le dilemne est dur'

    Moi aussi, j'ai tout de suite pensé à Au final qui reste mon préféré. On est dans le même thème et c'est vrai qu'on reste un peu en suspens à la fin.

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