mardi 16 avril 2013

Cinquième image (prise deux): 10 AM


Dix heures du matin
Le vent entre par la fenêtre ouverte
Et porte vers moi l’odeur humide de la pluie
La mince couverture me drapant dans mon lit
Ne m’offre aucun réconfort dans la froideur de cet octobre tardif
Et la grisaille s’infiltrant doucement dans ma chambre
Vient déchirer ma peau comme des cristaux par milliers
 
Je soupire et gémis
Mais à chaque souffle l’air glacial me noie un peu
Je ne dors plus, je ne vis plus
Je suis une statue de glace, éphémère, qui flotte dans un nuage
Qui bien qu’immobile, se tortille par en dedans
Qui existe puis n’existe plus, puis revient, revient disparue
Je me suis évaporé, puis j’ai plu dans l’océan
Et les vagues m’ont porté
M’ont porté à mon lit 

J’ouvre les yeux doucement et les pose sur le cadran
Dévisage en silence mon reflet devant l’heure
Dix heures et une du matin
Je me retourne, je me rendors
Je m’éveillerai quand il ne mouillera plus dehors

Paragraphe générique sur le fait que je suis en retard dans mon défi et c’est toujours pour les mêmes raisons.

Je travaillais en fin de semaine sur le thème actuel, sur l’image que je n’ai pas encore livrée – un souper –, mais ce papier était resté quelque part chez moi. La radio me tapait sur les nerfs ce matin sur la route, alors je me suis mis à penser à cette image – 10 AM – que j’avais sautée (que j’avais échoué) en me disant que dix heures revient tous les jours. J’avais des trucs pas pires, des vers bien jolis, mais que je trouvais un peu trop premier niveau. Anyway, rendu au bureau, je n’avais pas fini, et je suis tombé soudainement dans le jus alors c’est resté immatériel.

À mon retour, j’ai tenté de reprendre le fil, mais je commençais sincèrement à trouver ces vers trop élémentaires. Il mouillaissait, puis pleuvait, avec du brouillard dans les fossés. J’ai repensé à une image que j’avais eue lors de ma première tentative – je suis étendu dans mon lit à 10 h, et le Soleil passe à travers les stores, et je veux rester couché – et je l’ai travesti pour fiter avec la météo du moment. Le premier bloc de vers a été écrit sur le bord de l’autoroute, parce que je savais que je l’oublierais, et que le dictaphone, ça ne marche pas. Quand j’y mets des vers, systématiquement, je les trouve mauvais au moment de les réécouter. À preuve, ce que j’avais tenté de faire le matin. C’est peut-être ma voix, que je n’aime pas, ou parce que j’écris des choses qui se lisent, mais ne se récitent pas, je ne sais pas, je n’ai pas vraiment déjà essayé.

On est à des lieux de ce dont je parlais justement lors de l’échec. Pas de contraintes ici, sauf le thème. Des vers spontanés, et libres, affranchis des règles que je m’impose habituellement. Ça fait quelques fois que je donne dans la poésie plus moderne avec ce nouveau défi, et je ne sais pas si c’est une bonne chose. J’avais tendance à ne pas aimer cette poésie éclatée, dont je ne saisissais pas l’essence, et maintenant me voilà à couper mes phrases en vers sans raison apparente…

Cela dit, j’aime tout de même l’ambiance générale qui s’en dégage, cette minute d’éveil dans la froideur du matin qui nous porte d’un monde à l’autre avant de se rendormir. Sans doute devrais-je le retravailler, il est jeté ici assez brouillon, mais bon, il faut que je publie de quoi un moment donné ici…

2 commentaires: