J’ai vu valser deux hirondelles
S’ébattre en amoureuses du bleu de ses yeux
Il suffisait de lui dire qu’elle était belle
Pour qu’elles volent sous ses cieux
J’ai vu valser deux hirondelles
Par une délicate journée de printemps
Et alors que j’observais leur danse sensuelle
Je les vis arrêter le temps
J’ai vu valser deux hirondelles
Quand je lui ai dit –
–
t’es belle
J’avais une commission à faire - je devais aller chercher
des documents, et laisser en échange d’autres documents, un peu comme un agent
secret, mais en beaucoup moins cool. Une bonne route tout de même, près d’une
demie-heure à l’allée, et une autre (évidemment) au retour. C’était une journée
un peu froide, mais ensoleillée. En quittant le lieu de cueillette et dépôt, je
démarre le moteur, manœuvre pour sortir du stationnement, et puis voilà que me
survolent deux oiseaux, qui se battaient, ou s’embrassaient, ça dépendait un
peu de l’humeur du spectateur, je dirais, alors disons s’ébattaient, c’est
comme se battre, mais en plus positif.
Ç’a été une image d’une fraction de seconde, en contrejour,
et comme je suis plutôt nul en ornithologie, je suis présentement incapable de
dire si c’était des hirondelles. Mais, étrangement, ça m’a fait penser à deux
hirondelles qui dansaient en vol, alors, qui sait, peut-être était-ce des
hirondelles. Cela n’a que peu d’importance.
J’avais mis Old Ideas
de Leonard Cohen dans le lecteur, et sa pièce, incroyable, Come healing jouait à ce moment. L’image des oiseaux et la musique,
en se combinant, m’ont donné le goût d’écrire ceci – comme quoi l’inspiration,
c’est une question d’environnement (tiens, un beau slogan pour Greenpeace). Avec la colère ambiante qui
pèse ces temps-ci, et avec ma colère qui n’est pas ambiante parce que très
distinctement localisée dans la région de mon plexus solaire, j’avais besoin
d’écrire quelque chose de gentil, quelque chose de cute, et, peut-être, quelque
chose de beau. Je me suis donc accroché à cette idée des deux hirondelles en
revenant vers la maison, en jouant avec des rimes en –elle et en –eu.
Éventuellement, je suis descendu ici-bas pour voir si j’avais réussi à mettre
des mots dans un ordre qui pouvait me plaire. J’en ressors avec une pièce un
peu naïve, mais que je trouve jolie.
L’idée du vers
Il suffisait de lui
dire qu’elle était belle
m'est venue la semaine dernière. Je ne savais pas le pour quoi de ce vers; juste de
« lui » dire ça, et ça aurait du suffire, pour quelque chose. Cette
petite phrase, deux sons – t’es belle – et alors les possibilités explosent.
Essayez-le, c’est sans doute vrai.
Le bleu des yeux, c’est ce qu’on appelle une licence
poétique. Car la mienne a les yeux vert et noisette, genre, ce qui fait
beaucoup de pieds, et puis en plus, ça ne va plus avec tout le reste de
l’imagerie, le ciel, les hirondelles…
Chanceuse la dame aux yeux vert/noisette ;)
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