L’humanité est tel’ qu’il faille un peu d’humour
Pour espérer un jour franchir l’espace-temps
Comme il est
improbable qu’on le puisse un jour
On y arrivera, su’l’ pouce, assurément
Je ne pensais pas arriver si rapidement à des constats sur
moi-même par ce petit jeu de vers, mais en voici un : je suis à peu près
incapable de dire quel est « mon préféré », peu importe de quoi on
parle. C’est comme si ça dépendait de tellement de facteurs que je ne peux
arrêter mon choix. Cette semaine, par exemple, je devais choisir un livre
préféré. Je me suis posté à quelques reprises devant mes bibliothèques pour me
rendre compte de deux choses : mes goûts littéraires sont vraiment et
étrangement variés, et je ne pouvais pas dire lequel je préférais, même par
style. Peut-être est-ce parce que je n’ai pas encore été frappé par la foudre
du livre, mais je crois plutôt que c’est parce que pour toutes les préférences,
quand on y pense, il y a une question de contexte.
Bref, je choisis un peu ce qui m’inspire – quoique je crée
aussi l’inspiration avec ces thèmes, car il est difficile d’être inspiré sur un
repas ou un animal… Depuis que je réfléchis à ce que j’allais écrire, je suis
passé par plusieurs idées, plusieurs livres – Byron, Beaudelaire, ou les vieux
Lagarde et Michard sur la tablette en bas à gauche qui ramassent la poussière;
Lovecraft, Poe, ou même Stephen King pour sa modernité et son storytelling terriblement efficace;
Zola, pour ses Rougon-Macquart qui m’accompagnent sur chacun de mes terrains un
peu loin, un peu long; Dune, Fondation, ou pourquoi pas la Bible, mais alors là
on n’est certainement plus dans les préférés… J’avais chaque fois des vers qui
prenaient un peu forme, mais jamais très clairement, et jamais satisfaisants.
Étrangement, c’est ce livre sans une once de prétention qui
m’a finalement fait écrire ma première ligne ce soir – The Hitch Hiker’s Guide to the Galaxy, de Douglas Adams. Une
trilogie (!) de cinq volumes (six en comptant le plus faible And Another Thing posthume). Sept cent
soixante-seize pages de science-fiction humoristique très british racontant l’histoire d’un Arthur Dent en robe de chambre
qui apprend que sa maison sera détruite afin de faire passer une bretelle
d’autoroute… tout comme la Terre, en passant. Une saga de président à deux têtes,
de dauphins, de souris, de robots dépressifs – et de serviettes – qui devrait
être lu par tous les amateurs de science-fiction. À peu près aucune valeur
littéraire, par contre – c’était à l’origine un roman-radio…
Je ne voulais pas réécrire un épisode du livre en vers, mais
visais plutôt à parler de lui, ou parler dans son langage, de sa réalité, en
vers. Il faut se rappeler que ces thèmes sortent d’un défi de dessins –
c’est plus naturel de représenter un livre par une illustration que par un
quatrain. Il me fallait donc choisir des images fortes du livre. Et je voulais
éviter les clichés, comme le fameux 42 ou Marvin le robot, quoique ça aurait pu
donner lieu à quelque chose de comique aussi.
J’ai représenté le thème de la science-fiction avec le voyage
dans l’espace-temps – plus qu’un simple Space
Opera, Arthur Dent se rendra au
restaurant à la fin de l’Univers, et dans la préhistoire terrestre. Le clin
d’œil particulier au livre est dans les deux derniers vers, et touche un de mes
aspects préférés (wouhou! Je suis capable!) de toute la série : le Infinite Improbabilty Drive permettant de dépasser la vitesse de la lumière
par le contrôle de l’improbabilité. Technologie complexe, qui fait en sorte que
plus quelque chose est improbable, plus il y a de chances qu’elle se produise,
dit grossièrement. Comme un géranium et une baleine apparaissant soudainement
et simultanément dans la
stratosphère. Ma chute s’explique d’elle-même (la leur, au géranium et à la baleine, Adams prend bien le temps de la décortiquer) – il est à peu
près impossible que ce qui se passe dans le livre se réalise (!), alors selon sa
réalité, ça se produira certainement.
J’ai triché sur la métrique, avec une élision forcée juste
avant la césure du premier vers, et la transcription orale de « sur le
pouce » dans le dernier vers. À ma défense, j’ai écrit ça il y a à peu
près une heure, et je n’y pas mis beaucoup de temps après le premier jet parce
que je l’aimais bien. Retoucher la métrique, surtout avec des mots de quatre
pieds, aurait sans doute mené à une transformation dans le sens, ou alors il
m’aurait fallu tout reprendre.
En passant, je fais exprès pour choisir plein de papiers
laids qui traînent autour de moi. Ça met de la couleur, et de la variété.
J'ai lu cette saga à cause de toi! J'ai tout de suite deviné que c'était ce dont tu parlais quand j'ai lu les vers. C'est définitivement dans l'esprit de l'oeuvre...
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