samedi 3 mars 2012

Semaine 9: Série télé préférée


Eh bien, je dois m’avouer vaincu pour la première fois dans ce défi. Je n’ai pas réussi à pondre quelque chose d’intéressant, ou de lisible même, concernant ce thème depuis plus d’une semaine. 

J’aimerais pouvoir dire quelque chose comme « c’est parce que je n’écoute pas assez la télé », mais ce serait mentir de façon aussi effrontée qu’un conservateur. Je suis et j’ai suivi plusieurs séries qui auraient dû me fournir une matière première suffisante pour arriver à écrire quelque chose – damn, j’ai écrit quelque chose sur Mickey Mouse! –, mais non. Mais je pense savoir pourquoi. D’abord, je suis pas mal occupé ces temps-ci et je ne prends pas le temps de m’arrêter pour écrire. Quand je travaille au sous-sol jusqu’à 22 h ou 22 h 30, je n’ai aucune motivation par la suite à écrire quelque chose. Quand je ne travaille pas, eh bien, je profite du fait que je ne travaille pas. Une pente glissante et dangereuse : c’est pour ça que j’avais arrêté d’écrire, il y a quelque temps. Deuxième, et possiblement principale raison : je me suis peut-être trop concentré sur une idée unique, avec des restrictions particulières que je n’étais pas prêt à surmonter. 

À la fin de 2011, quand j’ai décidé de tenter ce défi, que je me suis fixé mes propres règles, j’avais survolé la liste des thèmes. Déjà, certains me faisaient grimacer, et m’ont fait hésiter à entreprendre cet exercice – est-ce que des thèmes d’un défi de dessins peuvent s’appliquer à un défi d’écriture? Parmi ceux-ci ne se trouvait pas celui de « série télé préférée ». Celui-là, je savais déjà ce que j’allais en faire. En choisissant la série The Walking Dead, je voulais écrire quelques lignes sur l’apocalypse zombie. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai consciemment écarté tous mes nombreux films de zombies lors de mon choix de la Semaine 7 – je sens que chaque film de la trilogie de Romero aurait pu m’inspirer beaucoup plus que Blade Runner ou n’importe quoi d’autre, ne serait-ce parce que je les connais sur le bout des doigts (ensanglantés) –, mais je voulais garder ce thème pour cette semaine. Et, non seulement voulais-je écrire sur The Walking Dead, je voulais en plus reprendre la forme de ces vers de Byron, qui m’ont emmené vers le reste de sa poésie : 

But first, on earth, as vampire sent
Thy corpse shall, from its tomb, be rent
Then ghastly haunt thy native place
And suck the blood of all thy race

J’ai connu ces vers plus jeune, dans un livre d’un jeu de rôle sur les vampires. On donnait comme source The Giaour, de Lord Byron. Ce fut plutôt une surprise quand j’ai découvert que ce long poème (dont le titre signifie L’Infidèle, me dit Wikipedia) raconte l’histoire supposément turque de l’amour entre une femme musulmane et un « infidèle », et le meurtre subséquent de cette femme par noyade. Immense poème narratif de quelque chose comme 1500 vers, organisés en très longues strophes, le tout en vieil anglais – je n’ai jamais été capable de garder l’intérêt assez longtemps pour me rendre au passage en question. Mais, pris hors contexte, pour quelqu’un qui tripe horreur, ces quatre vers sont extraordinaires.

J’adore leur rythme, dicté par la syntaxe : 2-2-4/3-3-2/4-4/4-4. Je trouve qu’il ajoute une autorité aux propos sentencieux qui sont rapportés. Et je voulais émuler ce rythme dans un quatrain sur The Walking Dead. Si écrire des vers de huit pieds aurait été plus simple et m’aurait sans doute permis de m’en sortir avec quelque chose de potable, l’ajout d’une contrainte à l’intérieur de chaque vers rendait la chose beaucoup plus ardue. Très difficile que de tenir un propos qui fasse un sens, sans trop user de licence poétique – je veux dire par là en faisant tout de même des vers qui sont grammaticalement corrects (pas question de lancer trois mots sans lien, ou d’omettre un verbe) – tout en se contraignant à des pauses « naturelles » après deux ou trois pieds.

J’étais tellement pris de cette idée que j’ai essayé, et essayé, et réessayé, sans succès. J’ai par la suite lancé quelque chose de plus simple, une narration en vers sans autre contrainte que la rime d’un homme confronté au choc de l’arrivée des zombies, mais je me suis rapidement fait bouffer moi-même. Je suis revenu à l’idée de départ, sans plus de succès. Et j’étais devant une page blanche dès que j’essayais quelque chose d’autre. Rien n’y faisait, et le temps est passé. 

Voici donc mon premier échec.

2 commentaires:

  1. Moi je dis que les échecs ne sont qu'un tremplin pour la prochaine étape. Quand tu auras réellement mis de côté l'idée de départ (probablement trop rigide) à laquelle tu voulais te conformer, tu arriveras sûrement à coucher quelque chose de plus 'vrai' sur papier. Parfois on essaye trop de faire 'fitter' les choses. Je sais que, dans mon cas, quand je commence une page de bricolage, le produit final a souvent rien à voir avec mon idée de départ. Et la magie se trouve dans cette dychotomie.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Sans doute - j'aurai certainement appris à éviter de partir avec des modèles trop rigides, du moins pour l'instant. C'est un niveau de difficulté auquel je voudrais m'attaquer, ces contraintes ajoutant au "défi", mais je pense que c'était une trop grosse bouchée pour l'instant. J'ai parfois de la difficulté à simplement jouer le thème, alors ce n'est pas le temps d'imposer une forme au fond.

      Mon approche actuelle de l'écriture laisse beaucoup de place à une certaine intuition pour le premier jet, et donc pour le propos. Le travail de polissage de la forme vient souvent en deuxième lieu (et amène parfois un réajustement dans le propos). J'aimerais pouvoir exercer aussi une écriture moins intuitive mais plus réfléchie dans le propos, et faire en sorte que la forme vienne avec le fond - comme l'impression que me laissent ces quatre vers de Byron. C'était pourquoi je m'étais donné cette contrainte supplémentaire. Mais je ne suis manifestement pas prêt.

      Supprimer